L’Inde, on l’aime ou la quitte.
« Il y a le monde et il y a l’Inde ». Je me souviens parfaitement de cette phrase balancée par un voyageur au cours d’une réunion tour du monde chez ABM (Association Au Bout Du Monde). Les histoires autour de l’Inde, on en entend pas mal. Il y a même ce syndrome : Soit on l’adore, soit on la quitte. Pendant ces quelques jours, j’ai plus rencontré des gens à fond dans le pays. « L’Inde a changé ma vie, maintenant je me sens mieux, je suis plus en communion avec moi-même tu vois ! » ai-je entendu par moment. Ce genre de phrase, je les ai déjà entendues au Népal et au Japon, mais en Inde, c’est assez régulier de voir des gens à la recherche d’eux-mêmes. Soit.
Pourquoi j’ai failli péter les plombs par moments
En Inde, le pays où on est sensé avoir du temps à se consacrer à soit-même, j’en ai jamais eu. Pas à un seul moment, je n’ai arrêté d’être sollicité. Achète-moi ça par ici, prends une photo avec moi par là… Si on dit non pour acheter quelque chose à quelqu’un, le suivant vient à l’assaut. Comme les touk-touk. Tu dis non à un, mais l’autre derrière qui t’a vu dire non tente tout de même sa chance. On ne sait jamais, en moins d’une seconde tu peux avoir changé d’avis après en avoir refoulé cinq.
Au début de mon voyage, quand quelqu’un me demandait de prendre une photo avec lui ou une photo de lui, je disais oui pour lui faire plaisir. Mais après deux semaines, j’ai totalement changé d’attitude. Par moments, j’ai passé plus de 40 minutes à faire des photos. Tu en fais une avec quelqu’un, ceux qui sont plus loin vont voir ça et vont vouloir faire pareil. Sauf qu’ils sont 10 et en veulent chacun une. Et le temps de faire ça, un autre groupe arrive ! Tout ce que tu faisais toi, c’est t’asseoir sur un banc pour te reposer.
J’avais déjà eu ce sentiment en Corée du Sud et au Japon. Quand tu arrives dans un magasin, on vient vite s’occuper de toi. En Chine, c’était encore un autre niveau, mais l’Inde, ça devient lunaire. Si vous voulez un jour sentir l’effet que c’est d’être une star partez voyager seul en Inde, vous n’allez pas être déçu ! Vous aurez un tas de situations du genre, mais aussi, parfois, des Indiens qui vont vous suivre pendant 30 minutes juste pour voir ce que vous faites. Des histoires comme ça, j’en ai des tas et des fois elles sont particulièrement aberrantes !
Evidemment, le côté illogique de tout ce qu’on peut trouver en Inde, les bruits de klaxon omniprésents (on klaxonne pour tourner, pour doubler, pour prévenir qu’on arrive, pour dire salut, pour prévenir d’un danger et aussi sans raison), les gérants d’hôtels qui passent à 7h du matin dans ta chambre pour passer l’aspirateur, les gens qui mettent leur musique indienne à fond, les gens qui crachent partout (mais surtout sur toi parce que tu passes devant eux), le fait qu’être un piéton c’est signer son arrêt de mort et éviter de décéder dix fois par route traversée…. jouent sûrement un peu ! Mais le pire, c’est les transports locaux.
J’en ai déjà parlé un peu par ici avec le train. Mais le bus, c’est sympa aussi. On vous donne une feuille avec un lieu de rendez-vous qui n’est jamais le bon. Vous devez donc trouver votre bus parmi 30 bus différents avec tous les deux mètres quelqu’un qui vous indique une direction différente et souvent un bus bien en retard histoire de ne pas te faire paniquer sur le fait que tu es peut-être au mauvais endroit.
Et le stop ? Après avoir expliqué maintes et maintes fois ce qu’est le stop aux conducteurs qui t’emmènent à la gare, ils ne te prennent pas parce que tu ne paies pas ou te demandent après 5 minutes une somme d’argent pour quand tu seras arrivé, j’ai finalement fait très peu de stop. Principalement sur des courtes distances et souvent avec des gens qui avaient un peu plus d’argent que la moyenne. Le stop est possible, mais juste ultra-long et fatiguant.
Un pays qui change trop vite ?
En parlant avec des habitués du pays et quelques locaux, j’ai tout de même eu quelques réponses de ce côté. Le pays change car l’économie a changé. Comme je le savais, arnaquer les touristes, c’est normal, mais j’ai même appris qu’ils commençaient à faire ça entre eux. Le pays devient de plus en plus pourri par le business. Par contre, ce qui ne change pas, c’est les castes. C’est d’ailleurs fou de voir le racisme présent entre les Indiens et cela, à toutes les échelles.
Autre chose folle, cette fameuse différence de classe. On peut passer d’une maison de plusieurs étages pour une famille à deux trottoirs plus loin, trois familles qui vivent dehors. Les familles qui vivent dehors ou dans les gares, c’est une chose ultra courante dans le pays. Certaines ont même la télévision avec eux dans la rue (!?). Au milieu d’eux, les rats, les ordures omniprésentes et les chiens errants. Niveau pauvreté, on aura aussi les gens qui vont vous demander de l’argent pendant 20 minutes en vous suivant partout tout en tirant vos vêtements.
Pourquoi il faut voyager à plusieurs en Inde
Oui, je ne fais pas un portrait élogieux de l’Inde, je pense qu’on voit clairement que je n’ai vraiment pas aimé ma visite du pays. Et pourtant, pas tant que ça. J’ai vraiment aimé découvrir l’architecture présente dans le pays, je regrette même de ne pas avoir vu certains lieux, mais je n’en pouvais simplement plus surtout seul. A deux ou à plusieurs, je pense que c’est plus facile. J’ai pas mal voyagé avec des personnes croisées au détour d’un hostel. Et ça fait du bien ! En Inde, il faut le soutien de quelqu’un et une personne avec qui on peut rire de tout ce qui arrive, pour éviter de prendre trop sur soi-même ou d’exploser. Peut-être que la clef d’un voyage en Inde, c’est les relations avec les autres voyageurs. Du moins, pour moi.