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Rappel des faits

Hong Kong (HK) est un peu à part de la Chine. Ancienne colonie anglaise, ils ont l’accès à de nombreuses choses que n’ont pas les Chinois. Des choses simples comme par exemple sur internet Facebook, Google ou d’autres sites bloqués en Chine. La ville a aussi eu le choix dans les années 90 de pouvoir choisir la personne qui représente HK pour la Chine. En septembre dernier, la Chine indique que cette personne sera désormais choisie d’une autre façon. Le pays élira trois personne et le peuple de HK devra choisir entre ses trois personnes. La fin d’une réelle démocratie en quelques sortes…

Suite à cela, plusieurs étudiants protestent dans les rues. Mais le mouvement prend de l’ampleur et peu à peu, ils sont rejoints par de nombreuses personnes de tous horizons. Les rues sont prises d’assaut et HK se retrouve bloqué sur plusieurs endroits. La Police intervient et provoque pas mal de dégâts du côté des manifestants pacifiques. Pour se protéger des fumigènes et autres projectiles, les manifestants utilisent des parapluies jaune (Ce qui devient le premier symbole de la résistance). Par la suite, des rubans jaunes fleurissent sur de nombreuses personnes dans Hong Kong.

Hong Kong pris d’assaut

Hong Kong, nous en sommes à 3 jours de manifestation. Je suis en plein dedans. Ma première confrontation se déroulera du côté de Kowloon, où la prise de la rue ne tiendra que quelques jours. En quelques minutes je vois des esprits s’échauffer car un homme vient de lancer des phrases pro-chinoises. Partout autour de moi, peu importe où je marche, les gens ont revêtu le ruban jaune, un des symboles de la manifestation.

Dans cette rue, ce n’est rien par rapport au quartier de central, le quartier important de la ville. Sur plusieurs kilomètres, les manifestants ont pris d’assaut le lieu. Plus aucune voiture. Les rues proches sont aussi bloquées. Sur l’axe principal, une horde de personnes bloque le passage. Plus on avance, plus on découvre l’ampleur du mouvement. Le paysage qui se dévoile devant moi est incroyable. La ville semble d’un côté totalement endormie d’un côté et une véritable fourmilière de l’autre !

Plus tard, je découvrirai aussi la manifestation de Time Square. Celle-ci, bien que moins éparpillée bloque aussi un axe important de la ville. Plus petit, le camp reste le deuxième plus  grand de la ville et un élément important.

Organisation sur le terrain

Durant mes deux semaines à Hong Kong, je me rendrai régulièrement dans les deux points de manifestation pour voir comment le tout évolue. J’ai vu pas mal de choses et j’ai parlé à beaucoup de manifestants. Bien qu’après deux semaines le mouvement soit moins fort et que quelques barricades aient reculées, les manifestants restent là. Ils savent globalement qu’ils ont perdu, mais savent qu’ils ont réussi à montrer de quoi ils sont capables. Ce n’est pas impensable de voir le même mouvement quand les élections approcheront.

Une nuit, les policiers ont commencé à retirer des barricades. Un mouvement de consolidation s’est formé. Les barricades ont été consolidées avec du béton et des installations folles à base de bambou voient le jour ! Partout, tout le monde s’active. A chaque passage de matériel pour les consolidation, la foule applaudit.

A central particulièrement, le camp est bien organisé. Réunions tous les jours, estrades pour les déclarations, projecteur pour les films et documentaires, approvisionnements en nourriture et boissons à plusieurs points, centre de secours, mais aussi centre d’études ! Dans les manifestants, il y a des personnes jeunes comme âgées, mais beaucoup d’étudiants sont là. Ils ont donc des tables, du courant pour leur PC et des éclairages pour travailler. Chaque jour, le camp devient plus fort.

Et maintenant ?

Ce que j’ai vu et ce que je décris dans cet article, ça s’est passé entre le 1 octobre et le 15 octobre. Quand je suis parti, les policiers commençaient à gagner du terrain. On voyaient même des rues remplies de fourgons de police alors qu’elles étaient sans policiers durant les jours précédents. Sur un toit, j’ai même échappé de peu à une rencontre avec un sniper… Aujourd’hui, 12 janvier 2015, je suis encore une fois à Hong Kong. La situation a évolué et les manifestants ont été délogés. Rien n’est encore joué avant le passage de cette loi. Pour le moment, on ne peut que saluer la détermination et le pacifisme des manifestants. Une chose est certaine  Hong Kong n’a pas gagné cette guerre, mais a montré ce dont elle était capable. Aujourd’hui, c’est Charlie qui fait parler de lui, mais le combat est pourtant le même. Le peuple souhaite simplement sa liberté d’expression en pouvant choisir son président. On entendra encore parler des parapluies jaunes, j’en suis sûr.