Top
  >  Urbex et Patrimoine   >  En surface   >  Aciérie de Gandrange : photos du bâtiment à l’abandon avant sa démolition

Nom : Aciérie de Gandrange : photos du bâtiment à l’abandon avant sa démolition Année de visite : 2011 – 2023


 

Petit, je me souviens passer le soir sur la D8, rue de l’usine à Amnéville. Depuis la fenêtre de la voiture, je voyais le métal en fusion de la cuve briller dans la nuit. Cette image s’arrêta brusquement en 2009 à la fermeture définitive de l’usine. L’immense usine devient alors un paquebot vide en plein milieu de la ville. Quelques années plus tard, en 2011, lors de la fermeture de l’usine d’agglomération de Rombas, la vie industrielle de la vallée de l’Orne semble disparaître totalement avec deux immenses friches situés à quelques mètres l’une de l’autre. Depuis les friches de Rombas, j’observe le titan d’acier qu’est Gandrange et l’idée me vient de documenter au mieux la fin du lieu. Après plus d’une dizaine de visite du site appelé Forges de Vulcain par la communauté Urbex, voici plusieurs photos de ce patrimoine industriel disparu.

Une aciérie mal conçue

L’idée de construire l’aciérie de Gandrange a émergé lors de la création de Sacilor dans les années 60. À sa construction, ses dimensions étaient hors normes : 430 mètres de longueur et 150 mètres de largeur. Les enjeux industriels étaient colossaux, mais rapidement, plusieurs erreurs commises lors de la conception démesurée du site ont fait surface. Les coûts engendrés par l’équipement étaient élevés, et le matériel utilisé s’est avéré peu fiable. De plus, les dépenses pour prévenir la corrosion ont ajouté des coûts significatifs. Plus tard, la mise en place de groupes de générateurs très onéreux s’est révélée nécessaire pour maintenir l’aciérie en activité.

L’ensemble de ces mauvais choix a conduit à ce que cette immense structure en acier n’ait jamais été véritablement rentable. En 1999, Arcelor, le groupe qui détenait alors l’aciérie, a trouvé un moyen de s’en débarrasser en la cédant pour un franc symbolique à Mittal. Malgré cela, l’usine n’a toujours pas réussi à devenir rentable. En 2009, son activité a pris fin, faisant de l’aciérie un symbole supplémentaire de la déchéance de l’industrie sidérurgique en Moselle.

Découverte de l’Aciérie de Gandrange quelques années après sa fermeture

Un matin, j’ai finalement réussi à entrer dans l’aciérie. J’ai été immédiatement surpris par la hauteur de cette cathédrale de fer. Le site était déjà vidé de ses occupants depuis deux ans, pourtant il me semblait qu’ils étaient partis la veille. Les casiers contenaient quelques affaires laissées par les anciens ouvriers : des photos, des vêtements et surtout des souvenirs. Sur les tables des nombreuses salles de machines, les documents posés sur place sont le signe de la brutalité de l’arrêt de l’aciérie. Les objectifs inscrits sur les tableaux ne pourront plus jamais être atteints.

Rez-de-chaussée

Dans les étages

J’ai la chance d’explorer des lieux difficiles d’accès depuis plusieurs années. On ne sait jamais vraiment qui est passé avant nous depuis la fermeture d’un lieu, mais ici, je suis sûr d’être le premier à avoir atteint les hauteurs de l’aciérie après sa fermeture. J’ai compris cela quand j’ai posé le pied sur le tas impressionnant de poussière situé sur les passerelles supérieures. Mon pied s’enfonçait profondément dans la poussière, et j’étais le premier à y laisser ma trace. Un souvenir que je chéris pour ce lieu que j’ai visité des dizaines de fois. Mon père ayant travaillé ici, visiter cet endroit a également été une expérience un peu particulière.

Les salles de commandes

Les hauteurs

2012

2014

2021

2012

2021

Sur le toit

Extérieurs et bâtiments annexes

Aciérie de Gandrange : la longue agonie

Fermé en 2009, les travaux de démantèlement ont mis beaucoup de temps à démarrer. Néanmoins, petit à petit, le géant de fer a commencé à se dévoiler, puis à se vider progressivement. C’est finalement le 31 août 2023, à 19h25, que le bâtiment est tombé avec un tirage de câble. Le secret a été bien préservé pour éviter tout rassemblement autour du site. Ainsi, la fin de l’été a finalement emporté le plus gros vestige industriel de la vallée de l’Orne, marquant le début d’un autre compte à rebours, celui d’un site situé à quelques kilomètres dans la vallée de la Fensch, celui d’Hayange Patural.